DAI DAI TRAN, L’ENVERS DU BILLET VERT

L’artiste plasticien Dai-Dai Tran cultive sa fascination pour les USA par le détournement et la réinterprétation de ses symboles. Portrait d’un MC dollar aussi discret que passionné.

Au départ, comme bien souvent, un mail. Une commande qui retient notre attention. On met notre expert-fouilleur sur le coup. Arthur est d’emblée sous le charme. Forcément, le logo de la marque Supreme camouflé sur un dollar, ça claque. Un paquet de stickers sérigraphiés plus tard, et le numéro de téléphone de notre gars est composé sur notre cellulaire…

Depuis qu’il est kid, Dai-Dai Tran nourrit un rapport particulier avec le pays de l’Oncle Sam. Il faut dire qu’à l’époque du sans Internet, « il y avait tout là-bas. Les baskets, les magazines, du matos de skate… C’était très tape-à-l’oeil au niveau du sport, de la musique. » Alors, lorsqu’il y a trois ans ce détenteur d’un Master en communication visuelle met de côté son job d’interface graphique chez PSA pour se consacrer à sa pratique artistique, le bonhomme choisit de libérer sa créativité le pinceau à la main. Miles Davis, Iverson, Obama, Jay-Z, tous se sont fait tirer le portrait à la sauce Dai. Des visages façon « cicatrice graphique » pour une patte nerveuse et urbaine. « J’aime bien le mouvement statique, donner du dynamisme à une image figée. » Cet attrait pour les icônes américaines va progressivement le conduire vers un autre emblème majeur des US, son billet vert.

De la planche à billets…

« Quand tu sais qu’un billet de banque peut être touché par des milliers de personnes en quelques années… Et que rares sont les gens qui se posent pour l’observer avant de l’enfourner dans leur porte-feuille. » Considéré par Dai comme « un objet commun qui, par sa complexité, est une œuvre à part entière », ce matériau est devenu, ces derniers temps, une source d’inspiration constante pour son expression artistique. Armé de ses « scalpels de compet », celui qui a participé à la réalisation d’un clip pour C2C et qui expose en ce moment à Marbella, taille, coupe et recoupe des billets de banque venus des quatre coins du globe. Le but ? Produire des œuvres qui « appuient sur des faits auxquels on ne fait pas trop attention. C’est le pouvoir d’achat, c’est un peu le nerf de la guerre. » Précision et passion semblent être les maîtres mots de cet exercice chronophage et comparable à celui d’un joaillier. Si le plasticien semble voué un culte aux monnaies papiers du monde entier, le dollar obtient sa faveur lorsqu’il s’agit de s’attaquer au capitalisme nord-américain.

À la planche de stickers.

Grand amateur des machines à rêves de la streetculture américaine que sont Jordan et compagnie, Dai n’hésite pourtant pas à dénoncer « la hype et la folie humaine qu’elles entraînent. » Usant de chaque recoin des billets estampillés George Washington, Abraham Lincoln ou Benjamin Franklin, ses collages et assemblages évoquent les Nike, Apple et donc Supreme. « Faire des stickers ? Je trouvais ça cohérent avec mon projet sur Supreme, avec le fait de travailler sur ce genre produit. J’ai toujours aimé le support. Tu peux le transporter facilement, l’offrir et marquer ton empreinte presque partout. À une époque, c’était presque devenu une drogue chez moi. » La suite de l’histoire du billet à l’effigie de la marque new-yorkaise aux couleurs rouge et noir lui appartient.

Cadeau bonus, le clip de Dai Dai Tran pour C2C :

Dai Dai est sur instagram :