RADIO DY10, FORTERESSE SUR ÉCOUTE

Nouvel arrivant dans le paysage radiophonique nantais, Radio DY10 casse les barrières musicales et émet, depuis la sphère Internet, une alchimie harmonieuse à base d’émissions éclectiques et de playlists continues.

« Le projet est né au printemps dernier, au cours d’une discussion entre potes. On avait envie de rassembler tous les mélomanes nantais autour d’une radio. » Hier invitée à passer des disques en direct du Mellotron, bar-radio intimiste et confirmé du 10e arrondissement parisien, Justine Thomassin, coordinatrice de la toute fraîche webradio nantaise Radio DY10, évoque aujourd’hui l’émergence d’un projet radiophonique qui a été inauguré le 28 septembre dernier, au labo de quartier La conciergerie. C’était un mercredi et on pouvait déjà s’y échanger sous le manteau les stickers vinyle blanc, estampillés du visuel du nouveau média musical. Le tout à deux pas du Blockhaus DY10. Tout sauf un hasard.


Stickers numériques à l’unité imprimés NOIR sur vinyle BLANC

Ondes underground

À l’image de NTS à Londres, de la Red Light Radio à Amsterdam ou encore de Rinse à Paris et à Londres, Radio DY10 entend créer, via la toile, des échanges autour de la musique, sans limite de genre aucune. Mais aussi organiser des événements « conviviaux et à taille humaine » pour fédérer autour de l’esprit radio. « L’idée de base était que la radio possède un lieu physique. L’ancrer dans le blockhaus DY10 pour rassembler public, invités et faire du direct, nous représentait bien. À l’intérieur de ce symbole de la ville, il s’y passe plein de choses, mais on ne sait jamais vraiment quoi. Et puis l’esthétique nous plaisait. » L’aventure réunit au départ trois membres de l’écurie Abstrack, association programmatrice de fêtes dansantes aux quatre coins de la cité des ducs, depuis cinq ans. Une échappée sur les ondes web à cependant dissocier de l’activité organisationnelle d’événements festifs de la maison mère. Si la radio ne peut à l’heure actuelle, faute de moyens techniques, émettre depuis le fortin bétonné le plus réputé de l’île de Nantes, ses émissions sont pour l’instant soit préenregistrée soit diffusées en direct depuis le domicile des résidents. « À long terme, lorsque nous serons équipés de platines, micros et tables de mixage, nous pourrons nous installer dans le blockhaus DY10, où Valentin, un des membres fondateurs de la radio, a son propre studio. »

Melting-pot sonore

Pour les débuts de sa programmation, Radio DY10 mise sur des intervenants locaux venus de tous bords musicaux. Pêle-mêle, le punk oriental Gauvin, l’illustratrice sonore Anne-Sophie Le Ceurer, le collectif le plus italien de la ville Fiction Palace, l’architecte-explorateur Discolowcost, le boys band le plus ghetto de Dalby au Sillon en passant par les artères du downtown nantais aka la triplette de Dramatis Personae… Au menu, collage sonore autour d’une thématique populaire, laboratoire de frissons et d’appréciation du son, chanson française dégénérée ou encore sélection spéciale dancing heroes sont d’ores et déjà à retrouver en début de soirée sur le site de la radio qui reprend le DY10 du bunker, en référence au cadastre originel occupé par ce dernier. Une playlist, concoctée par les membres de la radio et dont le renouvellement partiel ou intégral s’effectue chaque semaine, défile en permanence entre les émissions. D’un remix de Four Tet à un morceau du batteur anglais Charles Hayward en passant par un air de jazz du Carioca Dom Um Romão, son contenu est aussi varié que défricheur. Silence radio.