Stickers d’hiver : IVAN 14

Sticker de saison : c’est une collaboration au rythme trimestriel, autour d’un visuel confié à un artiste ou un studio par High Stickers. Vague de froid sur le pays, Ivan 14 nous habille pour l’hiver.

Un sticker rond estampillé d’un visuel inventé par un illustrateur, un studio de design, un graphiste ou un peintre. Deux couleurs, noir obligatoire. Le tout est édité à 1 000 autocollants à retrouver dans les toilettes de ton bistrot préféré, sur une gouttière de ton chemin quotidien ou dans ton resto du midi. Le Sticker de saison déboule à fond sur le principe de la collaboration.

Début du game hivernal : place à Ivan 14, à la fois explorateur-tatoueur et artiste-peintre en habillement.

Avec son quart de siècle tout juste atteint, Ivan a déjà vu du pays. Stockholm, Barcelone, Berlin, le Portugal, New-York, Montréal, le Chili, l’Argentine… Au téléphone, les récentes destinations fusent. Une fièvre du voyage attrapée depuis tout petit, et un tour d’Europe en famille lors de l’entrée massive des pays de l’est en 2005. « Cela m’a très vite obsédé. C’est devenu une nécessité. » Alors, dès que l’occasion s’est présentée durant ses études, c’est logiquement que le Nantais d’origine décide de s’envoler pour Shanghai, direction un master de design. « J’ai vite été séduit pas l’hyper-dynamisme de la mégalopole. » Et par le gigantisme vertical propre aux villes asiatiques. Parce que si le fil conducteur du travail de ce garçon au timbre calme et posé se concentre sur le voyage, l’architecture se révèle être une source d’inspiration on ne peut plus captivante. Essentiellement pour la structure. Qu’elle soit ultra-colorée comme celle du Bolivien Freddy Mamani, moderniste comme celle de Gaudi, ou brutaliste comme celle compilée par Frédéric Chauvin dans son ouvrage CCCP. Et puis, il y a la peinture. Le rapport aux formes de Mondrian : « la réflexion à mener pour produire une composition dans laquelle les éléments sont en interaction. La synthèse et la structure, en fait. »

Si aujourd’hui, celui qui considère Sylvain Tesson comme « un grand guide » parvient à vivre de son art, c’est, qu’une fois installé à Paris à son retour de Chine, la route d’Ivan croisa celle du couturier multi-casquettes Jean-Charles de Castelbajac. À la clé, un stage de six mois. Aux côtés du célèbre créateur, Ivan 14 apprend à travailler à flux tendus, à réfléchir autrement. À déconstruire, finalement, ce qu’on lui avait appris à l’école. Mais aussi à organiser sa propre démarche artistique. « Le graffiti a été pour moi un bon apprentissage. Mais, je n’étais pas complètement satisfait. Notamment par le fait que cela soit effacé. Je voulais laisser une empreinte durable. Et après une rencontre à la galerie Disparate de Bordeaux, je suis rentré dans l’univers du tatouage. Ce qui m’a permis de sortir de la lettre et d’aller vers quelque chose de plus figuratif. » Première machine en 2014. Deux bananes et une cuisse plus tard, l’aventure peut commencer. Depuis, ce tatoueur compulsif de cartes postales corporelles parcourent le monde à la recherche de nouveaux environnements propice à la création. « Je cherche à créer de manière sensible, à amener un dessin et un style fort, à ne pas m’arrêter à un effet de mode. Pour que la dimension soit beaucoup plus forte que juste esthétique. » Comme lorsqu’il expérimente de tatouer une personne à bord d’un train en mouvement. Un axe de recherche partagé avec son pote S8JFOU, chargé de l’accompagnement musical improvisé. Ou encore comme lorsque l’artiste se mue en peintre sur textile pour des commandes personnelles.Ivan 14 recouvre les dos de vestes en jean de ses paysages rencontrés au détour d’une expédition. Pour lui, « c’est un peu comme vendre une toile. » Car il y a aussi une vraie volonté de faire de la pièce unique chez celui qui ne passe pas une journée sans dessiner. « Je veux que cela réponde à un besoin de la personne qui me sollicite. »

Ivan nous évoque son rapport au sticker. Il nous avoue que cela fait partie des trucs qu’il reproduit par mimétisme. « Dès que je vais dans un endroit, je continue à mettre ma signature. Mes stickers sont sans nom, juste pour ceux qui savent. C’est pratique et marrant. C’est vraimet quelque chose que j’utilise beaucoup. » Cela tombe bien. Voilà l’hiver, et Ivan 14 s’apprête à signer le globe. Sur tous les murs, sur toutes les peaux et sur toutes les bouches.